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Comme un cadeau …

Comme un cadeau …

Le 5 octobre 2014, en matinée, c’était la Course à la vie CIBC. À Sherbrooke cela fait 5 ans qu’elle a lieu et a pour but, comme vous le savez probablement, de ramasser des fonds pour la recherche sur le cancer du sein.

En octobre 2013, j’y étais. J’y ai couru mon premier 5 km officiel à vie. Je l’avais fait pour mon amie Suzanne qui finissait ses traitements. Chacune de mes foulées étaient pour elle. J’avais couru comme dans une bulle, tout près d’elle en pensée, avec toute la force et ma foi dans la vie, dans sa vie. Une quarantaine de jours plus tard je découvrais ma tumeur dans le sein gauche.

En ma préparant pour y aller, je me disais que le temps bouleverse les choses. Je ne courrais pas je n’en suis plus capable. Je porterais un chandail rose, celui des survivantes (alors que je n’y suis pas encore, je suis un peu imposteur) et je marcherais pour moi, pour tous les chandails roses et pour toutes celles qui en porteront malheureusement un jour. Je me disais aussi que cette année qui vient de passer m’a brassée de la terreur à la tendresse, de la solitude à la solidarité, de la force à la faiblesse, de la résilience au découragement. Que mon parcours n’est pas terminé et que je serai peut-être plus à ma place en octobre 2015, quand je serai une vraie survivante depuis plusieurs mois. Mais je ne pouvais pas ne pas y aller.

Il y a deux mois j’ai reçu un courriel de Christine. C’est une de mes anciennes employées. Elle est devenue une amie. Nous marchons ensemble et, quand je n’ai pas le cancer :-),  nous grimpons des montagnes.  C’est ma copine de sport. Je reçois donc un courriel dans lequel j’apprends qu’elle organise un groupe de marcheuses en mon honneur pour la Course à la vie CIBC.  Je suis profondément touchée par cette pensée. Du même souffle elle m’annonce qu’elle se met au jogging pour pouvoir courir le 5 km et qu’elle le fait pour moi.

Treize filles ont répondu à son appel dont deux survivantes.  J’en connaissais certaines, d’autres pas.  Il y avait là quatre de mes anciennes employées et une bénévole … mon coeur a fondu. Mais je vais trop vite.

Le parc Jacques Cartier accueille des centaines de personnes qui ont ramassé des sous et qui viennent marcher ou courir pour la cause, pour une femme qu’elles connaissent ou connaissaient.  Les groupes se forment, les gens se reconnaissent. Il y a là des familles, des enfants qui eux aussi courront. Des chiens accompagnant leurs maîtresses, des bébés en poussette, des personnes de tous âges. Des kiosques qui offrent de la bouffe, du café, des informations sur le cancer du sein, du soutien.

C’est festif, heureux, musical et je dois le dire un des rares endroits, en dehors de l’hôpital, où vivre mon cancer, le montrer, l’assumer, l’afficher ne semble pas incongru. Car avoir un cancer c’est aussi traverser mes journées avec une réalité négociée de toutes sortes de façons par les gens qui m’entourent. Il y a ceux qui sont démunis qui ne savent ni quoi dire, ni quoi faire. Ceux qui racontent toujours une histoire de cancer. Ceux qui posent une question personnelle et qui changent de sujet aussi vite. Ceux qui veulent tout savoir. Ceux qui ont une présence énorme sans rien dire. Ceux qui disparaissent. Ceux qui ouvrent les bras. Ceux qui disent ce qu’ils vivent vraiment. Ceux dans le déni. Ceux qui fuient.

Au parc Jacques Cartier je n’ai jamais senti que j’étais perçue comme un être humain en sursis, je n’ai pas vu de peur dans les yeux des gens qui m’entouraient. C’était un peu ma fête. Montrer ma tête à peine recouverte d’un fin duvet ne me dérangeais pas et porter le chandail rose des survivantes me donnait l’impression de faire partie d’un groupe reconnu, accepté, admiré même. Un hymne à la vie et à l’espoir.

Elles étaient donc treize, quatorze avec Christine, quinze avec moi. Toutes heureuses d’être présentes, chaleureuses et ravies de faire partie de ce grand brassage d’émotions. Il est impossible de décrire la solidarité que l’on ressent, le fil qui tout d’un coup nous relie toutes et tous et surtout l’incroyable force des femmes. On la sent, on la palpe, on la respire.

Je me suis retrouvée devant la scène avec les autres survivantes pour écouter Martin Deschamps nous chanter Croire. Bouleversant. Je m’étais avancée seule, entourée de femmes que je ne connaissais pas. Et puis, deux bras m’ont entourée, c’était Christine. Et j’ai senti, j’en étais certaine, que les treize filles étaient là aussi, autour de Christine, pour moi. J’avais raison. Quand je me suis retournée elles étaient là, les yeux plein d’eau pour me serrer dans leurs bras.

Maryève,  Josée, Mélanie, France, Caroline, Marie-Claude, France, Léa, Nady, Sylvie, Gabriella, Sylvie, Christine … merci. Vous avez fait ma journée, vous étiez comme un cadeau.

Pour écouter Croire,  cliquez ici.

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